04/03/2005

L'avenir n'est pas soluble dans l'ADSL !

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

S’il y a une constante qui ne se dément pas, c’est de parler sans cesse de technos et de débit, mais pas de ce qu’on en fait. Je développerai prochainement ce sujet de fonds mais pour ce soir, j’ai envie de me laisser aller à la facilité et de ressasser une de mes marottes favorites.


Les citadins (dont je suis) discouraient il y a peu de maillage wifi, mais c’est fini et le sujet tendance du moment est de savoir jusqu’où pousser le débit en mode xDSL et comment.
Il faut dire que l’ADSL est tellement dominant que certains en viennent à confondre “haut-débit” et cette technologie et penser que toute autre offre n’en est pas et que “SDSL” est une faute de frappe (véridique !). Vive la pensée unique !
Du fait que le débit est potentiellement plus grand plus on est proche du DSLAM, on parle ainsi de plus en plus d’équiper les sous-répartiteur au lieu du répartiteur. Outre que ces derniers sont loin d’être tous couverts, je ne suis pas sûr que tout le monde soit conscient de ce qu’est véritablement un sous-répartiteur, ne serait-ce qu’en terme “immobilier” (…) Par ailleurs, quelqu’un a fini par faire remarquer qu’à force de se rapprocher, il était sans doute plus simple de tirer un bon vieux câble Ethernet pour Vraiment surfer à très haut-débit. Bravo à lui.
Dans le fonds, on s’en fout. Toute personne sensée sait bien que l’ADSL a ses limites, tout comme le Wifi, le Wimax et autres technologies de distributions.
Comme la demande de débit augmente sans cesse, ne serait-ce que parce que c’est un des moteurs de la compétition entre opérateurs, les publications sur la FFTB (la fibre jusqu’à l’immeuble) et surtout la FFTH (la fibre jusqu’au logement) se développent à un rythme élevé. Au bout de la chaîne, à Pau par exemple, 100Mb à la prise pour 30€ par mois. Adieu l’ADSL.
Mais s’il ne s’agissait que de discussions entre geeks, ce serait ennuyeux. Les victimes de la fracture numérique sont sensiblement agacés par tout cela et viennent mettre leur grain de sel en assénant quelques vérités sur la réalité de la France Numérique. Elles ont bien raison.
À ceux qui croient que tout va bien, je rappelle que 5% de la population de notre beau pays sera durablement exclue du jeu et que 40% n’aura qu’un seul opérateur à se mettre sous la dent, avec ce que cela veut dire d’offre limitée et plus chère qu’ailleurs.
Quand le répartiteur est assez proche et équipé, son DSLAM délivre péniblement 512k et nous sommes bien loin du VDSL, de la freebox et avatars du genre, et toujours à 30€. Alors on théorise et on expérimente Wifi, Wimax, CPL et tout ce que la techno est capable d’inventer, mais on reste quand même bien loin de la FTTH.
Personnellement, je pense depuis longtemps que l’ADSL et autres solutions de distributions en vogue n’ont qu’un intérêt : se donner du temps pour engager le seul chantier qui compte à terme, celui de la FTTH.
Car pendant que l’on essaye péniblement d’offrir du 2Mb ou même simplement un bon vieux 512k, la fracture se creuse et devient même himalayenne (1 à 1800 pour le même prix !). Il semble même que l’on va prochainement assister au retour du RTC illimité. Certes le net s’est construit avec des connexions modems, certes, quand je suis passé de 28,8 à 56kb, c’était énorme, mais c’était il y aura bientôt 10 ans, la préhistoire en fait. Je n’ose penser combien l’exhumation de cette solution va apparaître comme un renoncement pour certains habitants de territoires enclavés, mais cela ne pourra que mettre un peu plus en lumière que ce n’est pas en attendant que cela tombe du ciel que les choses avancerons.
L’aménagement numérique du territoire n’est pas un problème ponctuel consistant à mettre un coup de collier (et un coup de budget en équivalent rond-point) pour afficher de l’ADSL ou une offre du même genre. Cette question est un sujet permanent et un enjeu de politique durable.
Les territoires ne s’en sortiront qu’en s’engageant résolument et durablement avec ce que cela veut dire de moyens et d’outils pour remettre sans cesse l’écheveau sur le métier. Le numérique est LA nouvelle compétence des territoires, mais ce n’est pas dans le JO que c’est marqué. Ceux qui ne l’ont pas compris ont intérêt à se réveiller. Comme dans bien des choses, il faut arrêter de regarder ses pompes (ou celles de son voisin) et lever le nez pour regarder loin et développer une vision, une vraie.
La société de l’information et l’économie de la connaissance, cela se construit maintenant, et à très haut débit ou rien !

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