13/08/2008

Géopolitique des réseaux sociaux

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Oui, le monde est social et deux études récentes (ComScore et Pingdom) viennent confirmer à quel point la socialisation numérique est un phénomène mondial et global.
Ce qui frappe dans toutes ces études, ce sont les cartes. Des cartes du mondes avec des niveaux de couleur par pays, signe que l’on parle d’un phénomène planétaire, enjeux économiques et sociaux à l’avenant. Pour ma part, j’utilisais déjà une carte la carte proposée par ValleyMag il y a un an déjà et je dois dire qu’elle produisait son petit effet. Un an plus tard, deux ans à peine après que le phénomène Facebook (ci-contre) ne signe véritablement le passage à une massification des usages sociaux sur des plateformes ad-hoc, nous voici donc devant des représentations qui symbolisent bien la puissance et l’importance des univers sociaux.


On peut voir ça sous l’angle du marché et de la compétition. C’est ce que retient Techcrunch, en relevant que Facebook, pourtant décrié, dénigré, promis à la chute, n’en finissait plus de grandir et avait pris le leadership (c’était déjà patent, déjà chez Comscore, depuis mai dernier).
Une compétition vraiment planétaire, mais en même temps très locale, parfaitement révélatrice de la réaffirmation des identités, dans l’après-mondialisation. Ainsi, Transnets relève que 7 des 12 plateformes leaders ne sont pas populaires aux USA, typiquement HI5, très présent en amérique centrale, du sud et au Portugal, ou encore Friendster en Asie du sud-est.
Les facteurs de positionnement mondial des services sont certainement nombreux et complexes. Cela étant, on ne peut qu’être frappé par l’importance du facteur linguistique pour un Orkut par exemple (monde portuguais, très clairement). On pourrait dire la même chose de Skyblog avec sa forte présence en Afrique francophone.
Il y a sans doute aussi des facteurs d’usages. Pingdom voit dans l’importance de Twitter au Japon un lien avec l’importance de l’IM sur mobile dans ce pays. Je me demande pour ma part si, pour un certain nombre d’outils, cela n’a pas trait aux flux économiques dans certains secteurs. Ainsi, la carte de Twitter ne signe-t-elle pas plutôt un centrage Pacifique des échanges entre le centre de production high-tech mondial et son premier marché (les USA) ?
Pour LinkedIn (ci-contre), cela me semble par contre très clair. Avec l’Inde en pointe, j’ai bien envie d’y voir confirmation de son caractère de “pages blanches” de l’informatique, ou de moteur du business IT qu’on prétend qu’il est.
Toujours est-il que les réseaux sociaux tissent DES représentations du monde, qui plus est dynamiques. Elles traduisent des échanges, éclairent des communautés de pratiques ou des interculturalités qui n’ont pas fini de nous interpeller, de nous interroger, de nous fasciner. Un énorme terrain de jeu s’ouvre aux sciences sociales. On est impatient qu’elles nous en fassent lecture.

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