10/06/2009

Acte de naissance de la Société de l'Information

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Ce soir, la plus haute juridiction française a dit le droit et censuré l’Hadopi. Elle a rappelé la primauté du droit d’expression et corrélé l’accès au net à ce celui-ci. Le net est l’expression même du droit d’expression. Ça, c’est fait et on mesurera à l’aune de ce qui se passe en Corée, ce que l’on vient de gagner ce soir. Pour le reste, par trois fois, le parlement européen l’avais dit, maintenant c’est clair, l’accès au net est un droit fondamental, ce dont ne doutaient pas ses usagers, dans l’importance qu’il lui donnent dans leur choix de vie.
L’l’analyse de la décision est un pur bonheur, sur ce qui précède, mais aussi dans le poids qu’il (re)donne à la CNIL dans la protection de nos données, où dans ce qu’il dit de la neutralité ou de la rigueur et de la proportionnalité nécessaire quand il s’agit à la puissance publique de contraindre. Au passage, La Loppsi va certainement devoir réétudier son autorité administrative du même genre que l’Hadopi … Quand aux problèmes de l’industrie culturelle en France, peut-être va-t’on enfin pouvoir voir se développer un vrai débat progressiste et constructif en terme de mutation économique. Il est temps !
Ceux qui me lisent savent que j’ai plusieurs fois rappelé, depuis maintenant deux ans, que nous étions face à une confrontation décisive pour la web. Et j’avais dis, quand l’Hadopi a commencé son parcours parlementaire que l’on jugerai la puissance supposée de la société de l’information à faire dérailler ce truc. De fait, la bataille a été rude, âpre, elle a cristallisée plusieurs fractures. Contrairement à ceux qui parlent de fracture générationnelle, je suis plus que jamais convaincu qu’elle est systémique, entre un système qui préfère le rétroviseur et le peuple des internautes, mais aussi et surtout médiatique (la télévision a été particulièrement partiale dans le traitement de ce dossier).
L’histoire retiendra que tout a basculé avec quelques députés de tout bord, qui ont fait une première fois échec au texte. On sait qu’ils ont agit de leur initiative et que les appareils n’ont fait que relever les compteurs. Alors que la contestation était circonscrite au net seul, cet événement a mis le doute sur le texte, obligé les médias à avoir un traitement plus prononcé et le débat a enfin pu se développer, démontrant combien l’endiguement était vain. Cette mobilisation de quelques uns me fait furieusement penser aujourd’hui à la leçon de Seth Godin.

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