05/07/2005

Les blogs sont une opportunité pour l'école

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Il y aura bientôt 3 mois, j’avais blogué à propos des premiers cas d’exclusions de collégiens ou lycéens du fait de ce qu’ils avaient écris sur leur blog. J’avais même été interpellé sur le sujet par F3 !
Hier lundi, Libération publiait un excellent point sur le sujet, relayé par de nombreux blogs, notamment PointBlog.
L’exemple qui clôt ce papier peut friser la caricature, mais il illustre surtout le décalage entre deux mondes. Un prof montre à son proviseur, inculte en informatique, ce qu’est un blog et lorsque ce dernier en parle au dîner familial le soir même, son fils de 11 ans lui avoue qu’il en a un, “comme tout le monde”.


Rappelons d’abord que, rien que sur Slyblog, les écoliers blogueurs sont plus de 2 000 000 et que leur nombre augmente à raison de 10 000 par jour. Ensuite, personne ne nie, moi le premier, mais Pierre Bélanger (patron de SkyRock) non plus, que nos jeunes blogueurs manquent sérieusement de connaissance pour savoir quoi dire et comment sur leur blog, ne serait-ce que comprendre pourquoi leur production puisse choquer ceux qu’elle met au pilori.
D’un côté, personne ne se plaindra que les jeunes générations soient gagnées du démon de l’écriture et que, malgré les fautes, le blog soit un excellent exercice de développement personnel et social. Mais pour avoir rencontré deux enseignants confronté au problème, il est clair qu’il est temps pour le monde éducatif de trouver une posture adéquate face au phénomène. Les enseignants semblent déboussolés et démunis.
La question est bien de savoir ce que doivent faire les profs, les établissements et l’institution, car il est en effet temps pour l’éducation nationale de considérer sérieusement la réalité de la société de l’information, bousculée qu’elle est par la première génération numérique.
Comme il est d’usage avec les TIC, les blogs agissent comme un révélateur.
Ainsi, le phénomène éclaire crûment un “déficit d’échange” quand ce n’est pas “une absence de dialogue au sein de l’Education Nationale” (sic). L’école vit donc une crise similaire à celle que j’évoquais dans mon billet sur le 29 mai, à savoir l’émergence de circuits d’échange horizontaux, là où tout ne se passait que verticalement.
Mais ce qui me chagrine le plus, c’est de lire le témoignage de cette enseignante qui, prenant l’initiative pour faire un peu de pédagogie autour du blog avec ses élèves, donc parler de démocratie, diffamation, déontologie du débat, etc. avoue que c’était très intéressant, mais “en dehors du programme”. J’avais déjà appris de la bouche même de différents enseignants que l’école n’avait pas encore intégré d’inculquer un peu de recul vis-à-vis de l’information et de l’image, télévisuelle notamment, voici donc qu’elle n’apprendrait donc pas à nos enfants les règles de base de la discussion et du débat.
Si l’éducation nationale pense régler le problème par la coercition, elle échouera. D’une part, elle n’est pas en mesure d’interdire aux élèves de créer des blogs car c’est en dehors de l’établissement. D’autre part, elle ne peut attaquer que si une infraction au droit de la presse est constaté sur ces supports.
Ce serait déjà très bien que les enseignants, de Lettres mais pas seulement, puissent cet exemple cité par Michael Carpentier ou cet article de la FING. Voilà une bonne occasion de faire de la pédagogie active !

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