23/12/2005

DADVSI : on va enfin pouvoir parler sérieusement de la société de l'information

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Le premier round s’est terminé hier soir. Un texte bâclé, présenté dans la précipitation à la veille de Noël, face à une contestation virulente. Tous les ingrédients étaient réunis pour un grand moment de la vie parlementaire. Ça n’a pas manqué. Hier soir, Bernard Acoyer, patron du groupe UMP a fermé le rideau en renvoyant Donnedieu de Vabres à ses études en vue du prochain round, le 17 janvier prochain. En clair : le texte n’est pas mûr, il y a deux positions antagonistes à concilier, tu remballes ta copie et rendez-vous l’année prochaine.
À l’heure de la bûche, c’est donc un premier succès des opposants, et plus encore pour ce que j’en pense.

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Plus que lors du débat sur la LCEN, cette histoire marque l’affirmation de l’avènement de la société de l’information comme évolution majeure de notre société. Plus personne ne pourra nier que les changements qu’elle génère ne doivent pas être pris au sérieux.
À ce titre, il faut constater que les instances qui conseillent le gouvernement ne sont pas adaptées aux enjeux. Il faut au moins qu’elles accueillent en leur sein des gens plus éclairés sur le sujet et représentant des courants actuellement ignorés. Ça a commencé. Il y a sans doute aussi un effort de structuration des acteurs du monde libre et des usages à mener, de manière à ce qu’il se rende plus visible. C’est un peu ce dont parlait Daniel Kaplan hier, à ceci près que la FING est en train de se positionner sur une prospective à 2010 alors que l’on voit bien qu’il y a déjà un gros effort d’évangélisation à mener par rapport aux usages d’aujourd’hui.
La deuxième grande leçon, c’est que l’industrie musicale et le secteur culturel en général ont atteint les limites de son discours défensif. Le message de ce débat parlementaire, c’est que la société est en train de basculer et qu’à force de se poser en père fouettard, ils en deviennent ringuards.
Comme le dis Philippe Astor, il ne leur reste plus qu’à changer et à commencer par regarder les très nombreuses innovations et les nouveaux modèles de rémunération qu’elles développent.
Bon, on va déjà commencé à avoir droit à un cortège d’artistes et autres stars en colère devant la culture jettée aux orties. Se rendent-ils compte qu’ils sont restés scotchés à des modèles en passe d’être dépassés et qu’il est temps de passer à autre chose ?
À ce titre, on nous dis que la licence légale est impraticable. On se fiche de nous ! depuis 1985 et la loi sur les droits d’auteur et droits voisin de Jack Lang, ce principe est déjà appliqué et fonctionne très bien au travers de la taxe sur les supports vierges. Il y a d’ailleurs des artistes qui en sont parfaitement conscients. Johnny Halliday, que l’on entendait râler hier soir en est tout de même un des plus gros bénéficiaires !
Le débat est lancé, les opposants au texte sont audibles et ont voie au chapitre dans les médias et à l’assemblée. Plus rien ne sera comme avant.
Seul bémol peut-être, que les joutes autour de la licence légale n’éclipsent le vrai problème de la généralisation des DRM. La brèche étant ouverte, on peut quand même espérer du temps gagné pour éviter le pire là aussi. J’ai en effet envie de penser que, pour s’éviter un second désastre, la majorité tachera de concilier les points de vue pour un texte plus équilibré. Rendez-vous pour le 17 janvier.

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