06/03/2006

L'EntreNet

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

C’est peu de dire que l’invitation que j’ai reçu de la FING à participer à son séminaire préparatoire de l’Université de Printemps 2006 m’a fait plaisir. Parler d’un sujet aussi alléchant que celui lancé par Daniel Kaplan en vue de la prochaine UP FING, et plus largement pour sortir des limites des débats ambiants, est très stimulant.


Outre l’intérêt de la discussion et l’opportunité de contribuer, c’était aussi l’occasion de rencontrer Cyril Fiévet, d’échanger de vive voix avec Hubert, notamment sur ça, et de partager des constats sur l’intégration des blogs et wikis au sein de grands groupes pionniers. J’ai d’ailleurs pu juger sur pièce de l’intérêt grandissant autour de BlueKiwi. C’est clair qu’on est en plein dedans !
Daniel souhaitait donc que nous débattions de son “intuition”, formulée dans un article très dense sous le titre L’EntreNEt. Je ne suis pas convaincu par la dénomination, mais à défaut d’autre chose, cela nommera le concept.
En simplifiant, on va dire qu’il s’agit de dépasser le web 2.0 en se concentrant sur les aspects sociaux et sociétaux qui y ont été initiés. Débarrassé de la dimension techno, on en vient à observer les fondamentaux des changements intervenus dans l’accélération récente, et ce que l’on doit déjà constater c’est qu’une fois encore l’usager a déjoué les pronostics. Deux exemples illustrent bien cette vérité.
1/ Il est assez fascinant de voir combien la distinction entre sphère publique et privée a explosé.
Bien que publications et contenus partagés s’adressent à des cercles restreints et proches, il ne pose en effet aucun problème à l’immense majorité des utilisateurs que tout cela soit public et accessible. Plus largement il apparaît chez les jeunes générations que la dimension privative est proche du non-sens. Il y a ainsi une forme de mise à nu qui n’est pas sans interpeller, mais qui est un fait d’usages en totale opposition aux dynamiques législatives, sécuritaires, voire institutionnelles (au sens des organisations publiques et privées) visant à vouloir tout tracer, protéger et donner des instruments de maîtrise de ses données personnelles. Ce grand écart ne va pas être tenable bien longtemps.
2/ Même topo au niveau de la propriété et de la maîtrise des données.
Dans une logique concordante avec les dynamiques précédentes, l’idée était séduisante de pousser la logique du P2P pour permettre à l’internaute de gérer sur son poste ses données et de choisir ou non de les rendre utilisables par des systèmes d’information. Aujourd’hui, l’utilisateur confie en masse et à des multinationales américaines, ses photos, sa musique, ses bookmarks et plus largement ce qui fait son moi-numérique. Seul le service semble compter. Cela donne évidemment à réfléchir sur l’évolution de la notion de propriété, donc de valeur, et entre autres choses sur de droit d’auteur, car je ne peux m’empêcher de lier l’incompréhension de fonds de débats tel celui de la DADVSI à cette posture d’usager.
Sans développer les autres thèmes, il est clair que les changements sociaux que nous attendions passent au stade culturel, ce que l’on voit bien dans certains travaux, notamment autour du mobile. De fait, la confrontation que l’on a bien perçu entre ces nouvelles attitudes et la manière dont la société, les entreprises et organisations diverses fonctionnent, ressemble de plus en plus à un choc qui s’annonce violent. J’essaye personnellement d’amener au débat une approche tendancielle et en recherche de limites tout autant que de nuances. Il me semble important de ne pas s’emballer, les choses bougent très vite
L’internaute 2.0 est en train de redéfinir la notion du “moi”, un “moi” multiple, au travers des différents réseaux formels et informels qu’il tisse, réseaux qui ne sont d’ailleurs pas les mêmes suivant les âges. Comment va évoluer le collégien skyblogueur, actuellement dans un univers déconnecté de la blogosphère dans laquelle je suis moi ? que va t’il se passer quand il va entrer à l’Université ou en entreprise ? que se passe-t’il quand des réseaux informels s’éclairent via des mécaniques de coopérations numériques dans une organisation structurée ? toute sortes de questions au programme de l’UP FING 2006.

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